Débarquement des BIDM

Les armées livadiennes affermissaient leurs positions autour de la poche de Levgrad. Elles avaient fort à faire. Il fallait fortifier leurs défenses, établir de nouvelles lignes de communication et de ravitaillement, fournir du repos à des soldats en campagne depuis de longues semaines.

De même, le flot de réfugiés était toujours à gérer, quand bien même leur nombre avait diminué. Femmes, enfants, vieillards et pères de famille venaient sur les lignes livadiennes. Parfois, le OCSH en fusillait quelques uns, que l'on savait être des merksistes repentis, mais merksistes tout de même !

Les SSL, affiliés bien malgré eux à l'OCSH, avaient eu vent de l'arrivée des brigades internationales merksistes. Il était pour l'instant difficile d'estimer leur nombre. En tout cas trois nationalités semblaient être présentes. On comptait des Francovars, sans doute quelques milliers, des Mézènes, qui étaient plusieurs centaines, et enfin des Banganais mais qui eux visaient selon toute vraisemblance Fort-de-Livadia où une brigade livadienne se préparait à leur arrivée.

Hormis la flotte valdisk, qui elle, semblait de taille, les brigades merksistes ne semblaient pas en mesure de menacer sévèrement l'appareil militaire nationaliste. Kaljulaid se frottait déjà les mains. Elles allaient donner dans un piège. Loin de leurs bases, et même avec l'aide des résidus de l'armée républicaine livadienne, elles se battraient à un contre quatre. Ce serait un massacre.

De plus, la flotte édorano-livadienne veillait. Si elle ne pouvait pas empêcher tous les navires ennemis de passer son barrage, elle désorganiserait le débarquement et empêcherait un ravitaillement efficace de la poche.

Kaljulaid décida de frapper le premier. Il n'aurait aucun mal à s'en dédouaner en particulier auprès de son peuple. L'agression du pays par des mercenaires, étrangers à la guerre civile livadienne, choquait et réhaussait la ferveur combative.

A 13h pile, en deux vagues, quatre-vingt missiles Exxazet sol-mer furent lancés vers la flotte d'agression. Afin d'éviter qu'ils fussent détectés, ils rasèrent les vagues. L'opérateur en charge du tir recevait sur son écran le retour image de ce que voyait le missile. Aussi, pendant le vol, il pouvait choisi de frapper sur une zone particulière du navire afin de le neutraliser.

L'alerte fut également donnée à la flotte, et à toutes les composantes des forcesde défense livadiennes qui se préparèrent à repousser l'agression.

La défense côtière livadienne avait fait des dégâts et les observateurs estimaient qu'un tiers des merksistes n'avaient pas pu toucher terre. Il y avait eu des noyés et bien au nord, l'armée avait recueilli plusieurs canots de sauvetages en pleine dérive. On avait donc fait une petite centaine de prisonniers, parmi lesquels des Mézènes, des Francovars et des Kolozistanais. Après avoir fusillé les officiers, on les dirigea vers des camps de prisonniers.

Sur le front, on continuait des bombardements sporadiques par les canons et les avions. On prenait le temps de former un groupe de combat de dix mille hommes pour percer les lignes républicaines.

Alors que loin derrière la ligne des front, les Lansquenets réduisaient brutalement les derniers réduits républicains en Levland, les nationalistes s'apprêtaient à passer à l'attaque. Sur un front extrêmement étroit,  une masse de manœuvre de dix mille hommes se jeta à l'assaut de la poche. Il s'agissait de la couper en deux, d'isoler complètement Levgrad de son arrière-pays et de frapper fort à la jonction entre les brigades internationales et les restes de l'armée républicaine livadienne.

L'assaut fut lancé de nuit, sans préparation d'artillerie. On comptait sur l'effet de surprise.

L'idée venait du premier Fehér. Sur le terrain, on était moins convaincu par cette attaque nocturne, peu préparée et contre un ennemi inconnu.

Et pourtant il aurait fallu se fier au flair du général Kaljulaid. L'assaut fut une réussite complète. A une heure du matin, les commandos se glissèrent dans les premières tranchées républicaines, et jouant du poignard, elles massacrèrent les sentinelles. Les Républicains donnèrent l'alerte alors que les Gardes Livadiennes étaient déjà dans leurs lignes.

Le fragile dispositif fut alors enfoncé très rapidement. L'armée républicaine n'était plus que l'ombre d'elle-même. Assez rapidement, les renforts internationaux montèrent en ligne. Néanmoins, malgré l'appui de l'artillerie de marine, ils ne purent contenir l'irrésistible poussée livadienne. La brigade francovar se distingua particulièrement en maintenant pendant plusieurs heures le corridor ouvert, laissant le temps aux brigades de se rétablir sur des positions plus sûres. Après quoi elle céda et au petit matin, les bottes livadiennes touchèrent le sable de la côte.

On avait fait des prisonniers. On fusilla les officiers : c'était une directive de l'OCSE, mais on réserva un sort particulier à certains prisonniers. Les Mézènes que l'on ne connaissait guère et que l'on prenait bien souvent pour des Francovars ne prirent pas trop de coups, mais les Valdisks, l'ennemi national, et les Kolozistanais, ces renégats, étaient systématiquement passés à tabac jusqu'à ce que les officiers livadiens n'intervinssent, bien souvent fort mollement pour faire cesser ces passages à tabac.

Les derniers jours avaient été employés à la réduction de la poche orientale où on avait fait de nombreux prisonniers du micromonde entier. Aussi, on se préparait à l'assaut final, celui sur Levgrad dont on apercevait à la jumelle les flèches de la cathédrale.

L'information remonta jusqu'au sommet de l'état, et c'est l'aide de camp du Premier Fehér qui formula la réponse de son maître. Après quelques dizaines de minutes, le poste radio de Bourikov crépita et émit un message.

- Ici le général Kolwart, aide de camp du Premier Fehér. Ce dernier goûte peu les négociateurs armés jusqu'aux dents qui viennent jusque sur le pas de sa porte pour lui intimer des convocations. Si parlementations il y a, elles seront à terre et à nos conditions. Avons-nous votre accord ?

- Nous nous engageons à un cessez-le-feu le temps des négociations. Le commandement des BIDM est également, si je puis m'exprimer ainsi, le bienvenu. Rendez-vous à Svaada, à la frontière entre le Levland et le Lazournaïa sur la côte. Le Premier Fehér vous recevra au palais comtal. Terminé.